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59. DU MÊME.

Berlin, 22 janvier 1750.



Sire,

Un gros rhume de poitrine m'a empêché, Sire, ce matin, de faire ma cour à V. M., et m'empêche aujourd'hui d'assister à une lecture qui charmera autant qu'elle instruira l'Académie et le public. V. M. pourrait bien m'en dédommager, car il faudra attendre bien longtemps avant de voir cette excellente pièce imprimée. Je n'ose pas demander cette grâce à V. M.; mais si l'envie que j'ai de relire le mémoire de V. M. pouvait m'en obtenir la lecture, je n'envierais assurément pas le bonheur du public. J'ai l'honneur d'envoyer ci-joint à V. M. une lettre que je viens de recevoir de madame Du Boccage; V. M. verra comment une Muse française chante les louanges de V. M. en italien.

60. AU COMTE ALGAROTTI.

Je dirai demain à Darget de vous envoyer mon Essai sur les lois;a vous l'avez entendu une fois. Comme il y a encore à attendre avant qu'on l'imprime, vous me ferez plaisir de me dire votre sentiment sur ce que vous jugerez qui exige des corrections. Je vous dois des remarques excellentes que vous m'avez fait faire sur une infinité de mes pièces, et vous augmenterez l'obligation que je vous ai, en me parlant sincèrement sur ce nouveau mémoire.

L'italien de madame Du Boccage est si français, que je n'en ai pas perdu un mot. Elle me fait bien de l'honneur d'augmenter mes titres. On est généralement de l'opinion que les princes allemands n'en sauraient jamais assez avoir. Je me contente de ce-


a Voyez t. IX, p. 11, no II, et p. 9-37.