<114>V. M. Mais je crois qu'un chapiteau d'ordre prussien renversera aisément toutes ces colonnes d'ordre toscan.

S'il est permis, Sire, après vos hauts faits, d'admirer vos bons mots, V. M. nous en donne ample matière. Quand elle répondit à quelqu'un qui lui parlait de ses deux cinq, « Je n'ai eu qu'un peu de sang-froid et beaucoup de bonheur, » il me semble d'entendre Newton qui répond à quelqu'un qui admirait son puissant génie : « Je n'ai fait que ce qu'aurait fait tout autre by a patient way of thinking. »

Mais la toile va être levée, et nous allons de nouveau battre des mains au triomphateur.

Eheu, quantus equis, quantus adest viris
Sudor! quanta moves funera Austriacae
Genti! jam galeam Federicus et aegida
Currusque et rabiem parat.a

Je suis avec le plus profond respect, etc.

P. S. J'espère que V. M. aura reçu les boutargues qui sont élevées à assaisonner sa table militaire.

116. AU COMTE ALGAROTTI.

Grüssau, 18 avril 1758.

Je vous suis très-obligé de la boutargue que vous m'avez envoyée; et comme je ne puis vous envoyer ni production ni fruit de ce pays-ci, je vous envoie, au lieu de votre boutargue, deux petites nouvelles. L'une est que les Français ont été chassés au delà du Rhin avec une perte de trente-trois mille hommes; la seconde, que Schweidnitz est rendu, que l'on y a fait deux cent cinquante officiers prisonniers et quatre mille deux cents hommes. Si vous vous contentez de nouvelles, vous n'avez qu'à envoyer


a Voyez Horace, Odes, liv. I, ode 15, v. 9-12.