<275>coups les plus piquants et les plus capables de désespérer, avait coutume de dire avec le plus grand sang-froid du monde : « Que voulez-vous? cela est dans les dés. » Effectivement, a-t-on jamais raison de prendre si fort à cœur ce qui ne dépend pas de nous, ou de désirer si fortement ce qu'on ne saurait trouver en soi-même?

Si je ne savais bien que j'écris au Marc-Antonin de nos jours, je ne penserais pas à l'entretenir si longtemps de moi, aimant bien mieux l'entretenir de lui-même. Mais quelque plaisir que j'y trouve, monseigneur, il faut bien y renoncer, puisque votre modestie semble n'y trouver que des raisons de vous humilier davantage.

J'ai l'honneur de vous envoyer aujourd'hui une continuation de Wolff, espérant que cette lettre arrivera vers le retour de V. A. R., et désirant ardemment que ce paquet la trouve en parfaite santé.

Je suis, etc.

24. A M. DE SUHM.

Ruppin, 15 août 1736.



Mon cher Suhm,

Quand je reçois vos lettres, elles sont toujours accompagnées de pièces de votre traduction, de façon qu'il ne me reste qu'à vous remercier sans cesse des peines que vous vous donnez pour moi; et c'est ce que je fais avec le plus grand plaisir du monde, me sentant charmé par la lecture des ouvrages de notre philosophe.

Me voilà de retour depuis huit jours d'un rude et désagréable voyage, qui, grâce à Dieu, s'est mieux terminé qu'on ne l'aurait espéré dans les commencements.

Vous serez sans doute surpris, peut-être étonné, mon cher Diaphane, de ce que je ne vous plains pas de voir un homme comme vous réduit à chercher un établissement. Ce sont les yeux