<34>Tes membres palpitants.
Je vois donc la lumière
Pour fermer la paupière
A mes plus chers parents!

Il n'est point de mortel dont l'âme courageuse
Résiste sans frémir à ces coups d'Atropos.
O vous, ma tendre sœur, mère trop malheureuse!
En perdant votre fils vous perdez un héros.
Comme un rapide éclair, rayonnant de lumière,
A peine brille-t-il, entrant dans la carrière,
Qu'il disparaît soudain;
Telle au printemps la rose
Demeure à peine éclose
L'espace d'un matin.a

Ton glaive destructeur, ô malheureuse Europe!
Répand le sang abject et le sang précieux;
Il frappe également et le cèdre et l'hysope,
Et le soldat obscur et le chef généreux.
L'âge du vieux Nestor, la jeunesse d'Achille,
Les grâces, les vertus ne servent point d'asile
Contre l'arrêt du sort;
Cette race proscrite
Tombe et se précipite
Dans les bras de la mort.

Ah! pourquoi n'ai-je point la voix douce et sublime
De l'amant d'Eurydice ou du tendre Amphion?


a Ces vers rappellent ceux de Malherbe :
     

Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses.
L'espace d'un matin.

Consolation à M. Du Périer sur la mort de sa fille

.