<20>Sous un servile joug baisse un front abattu;
Aux pieds de ses tyrans elle est souple et rampante.
Ils se laissent opprimer,
Et ces lâches, par faiblesse,
A leurs fers avec bassesse
Sont prêts à s'accoutumer.

Partez, partez, Prussiens, et quittez cette terre
En proie à l'injustice, aux fléaux de la guerre,
Où l'esprit de vertige aveugle vos parents;
Et puisque le Germain, rempli d'ingratitude,
Proscrit ses protecteurs pour servir ses tyrans,
Trahit sa liberté pour vivre en servitude,
Abandonnons ces pervers,
Qu'ils deviennent la victime
Du tyran qui les opprime,
Puisqu'ils ont forgé leurs fers.

Sous un ciel plus heureux cherchons une contrée
Où renaissent les jours de Saturne et de Rhée.
Le repaire où se tient l'homicide Iroquois,
Les stériles rochers que baigne l'eau du Phase,
Les déserts dont le tigre ensanglante les bois,
Les antres ténébreux qu'enserre le Caucase,
Sont pour nos cœurs ulcérés
Des demeures préférables
A ces bords abominables,
A tous les forfaits livrés.

Mais non, braves amis, une âme magnanime
D'un dessein si honteux et si pusillanime
Étouffe, lorsqu'il naît, l'indigne sentiment.
Sauvons au moins l'honneur, bravons la destinée;
Les équitables dieux par un grand châtiment
Vengeront et Thémis, et la paix profanée.
Volez, vaillants escadrons,
Élancez-vous dans la foule,