<160>Tandis qu'en ce moment flatteur
Avec vous je m'efforce à rire,
Tout en badinant je soupire,
Et sens le poids de mon malheur.
Plein de chagrin et de fureur,
Je donne à tous les mille diables
Les cercles et leur empereur,
Les oursomanes exécrables,
Vos Français, quoique plus aimables,
Avec leur Louis du moulin,
Ses ministres et sa catin,
Madame et monsieur le Dauphin,
Et la guerre et la politique.
Je confesse sincèrement
Que ce petit emportement
N'est point dans le goût du Portique,
Et n'a point eu pour élément
L'impassibilité stoïque.
Mais j'aurais voulu voir Zénon,
Socrate et le divin Platon,
Contre trois femmes enragées,
De hauteur, d'orgueil rengorgées,
Se débattre dans ce canton,
Et dans ces plaines ravagées
Essuyer sur leur triste front
Chaque jour un nouvel affront.
Leur sang-froid et leur patience,
Dans cette épreuve d'insolence,
N'aurait pas longtemps tenu bon;
Et quand c'aurait été Caton,
Dans son cœur rempli de souffrance
Il aurait senti, j'en réponds,
Les aiguillons de la vengeance.
Et que peut la froide raison
Contre le cri de la nature?
On s'aigrit à force d'injure,
Et, selon mon opinion,