<122>Sans Québec, est réduite à manquer au carême;
La paix, la seule paix peut enfin la tirer
Du malheur que le temps doit encore empirer.
Dans son accablement, son orgueil plus flexible
Aux maux du genre humain entrouvre un cœur sensible,
Et paraît s'empresser d'en terminer le cours;
La modération éclate en ses discours,
De son esprit altier les funestes maximes
Font place aux sentiments des âmes magnanimes.
Le peuple, qu'éblouit ce généreux effort,
Pense qu'il va jouir des biens de l'âge d'or,
Qu'étouffant la discorde ainsi que la vengeance,
Son bonheur et la paix lui viendront de la France.
Mais ce peuple imbécile est dupé par les grands,
Oppresseurs des États, du monde sous-tyrans,
Qui, sans cesse absorbés dans des projets sinistres,
Des attentats fameux sont les cruels ministres.
Que de leurs sons flatteurs la douce impression
Ne vous détrompe point de leur ambition.
Leur dehors est couvert du fard de la justice,
Leur cœur impénétrable est rempli d'artifice;
Vainement sous un masque ils pensent se cacher,
D'une main assurée il le faut arracher,
Il faut, en découvrant leurs passions iniques,
Exposer au grand jour ces démons politiques.
Ces farouches mortels, si durs et si hautains,
Tendres pour l'intérêt, pour nous pleins de dédains,
Si souvent arrosés des pleurs des misérables,
N'ont jamais amolli leurs cœurs impitoyables.
Trop hauts dans le succès, trop bas dans le malheur,
Le destin règle seul leur haine et leur faveur;
S'ils sont compatissants, c'est qu'ils sont sans ressource,
Et l'amour de la paix n'est qu'au fond de leur bourse.
Non, le Sphinx qui dans Thèbe exerçait sa fureur,
Ces monstres qui d'Hercule éprouvaient la valeur.
Les maux contagieux, les famines, les pestes,
Sont moins à redouter, sont cent fois moins funestes,