<120>Et d'un regard hardi confond son imposture.
On s'élève, on s'indigne, on éclate, on murmure :
« Faut-il, dit-on, flexible à ses impressions,
Fomenter nos malheurs et nos dissensions,
En vils gladiateurs, pour assouvir sa rage,
Nous baigner dans des flots de sang et de carnage,
Et toujours des combats contempler l'appareil? »
La raison assoupie est, au jour du réveil,
Par de vains préjugés dans le trouble engagée;
Dans peu de l'imposture elle sera vengée.
Le tourbillon fougueux qui poussait tous ces corps
A par sa violence épuisé ses efforts;
Il s'apaise en grondant, essoufflé, hors d'haleine,
Et ne fatigue plus les sables de l'arène.
Le stupide habitant de ces vastes forêts,
Auquel le dieu du jour a refusé ses traits,
Dans le fond ténébreux d'un repaire sauvage
Déteste par instinct la guerre qu'il partage;
Jusqu'aux lieux entourés par d'éternels glaçons
La voix de l'équité parle au cœur des Lapons.
Que dis-je? ... vos Français, qui, sous différents titres,
Des droits des nations s'érigeaient en arbitres,
Votre dieu de la Seine et vos rois plébéiens,
Depuis que la fortune échappe à leurs liens,
Répriment en secret cette fougue effrénée
Qui prétendait des rois dicter la destinée;
L'abattement succède à ces bruyants transports.
Voyez votre patrie en proie à ses remords;
Elle sort à la fin d'un rêve fantastique,
Et, libre des ardeurs d'un accès frénétique,
Recouvrant ses esprits, le jour et la santé,
La France ouvre les yeux et revoit la clarté.
D'un rayon de bon sens l'éclatante lumière
Abat les préjugés qui couvraient sa paupière;
Ces fantômes qu'un songe engendre avec l'erreur,
Dont un sang bouillonnant nourrissait la vapeur,
Se dissipent soudain, et la vérité nue