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ÉPITRE A CÉSARION.16

De ma bavarde poésie
Ne vous lasserez-vous jamais?
Et des camps de la Silésie,
N'attendrez-vous de moi que nouvelles de paix?
Lorsque Mars m'étourdit au son de sa fanfare,
Et que tout ici se prépare
A vider par le fer des illustres procès,
Ma cervelle est assez bizarre
Pour barbouiller ces vers aussi fous que mauvais.
Mais puisqu'enfin de ma folie
Césarion se dit l'aimable protecteur,
Qu'il veut m'ériger en auteur,
Son attente sera punie :
Au lieu de ces beaux vers parfumés d'ambroisie,
D'une détestable liqueur
Je ne vous offre que la lie;
Et, poétique gazetier,
Des nouvelles de ce quartier,
Dans un pompeux amas d'inutiles paroles,
Je veux vous faire ici quelques contes frivoles.
Apprenez donc que nos Césars,
Désœuvrés dans ces champs de Mars,
Ne font que rire, aimer et boire;


16 Faite en 1741. [Voyez t. X, p. 24, et ci-dessus, p. 36.]