<75>De rechercher l'inutile science
Qu'à deux genoux révère le savant.
Eh! que dirait la bonne compagnie,
En me voyant crasseux comme un pédant?
Cette sottise, avec raison punie,
Ne trouverait, dans le nombre charmant
De mes amis, nul qui ne me dénie. »
Dans ce moment, un président vint là,
Qui de ses jours le latin ne parla,
Qui, n'ayant lu ni Cujas ni Bartole,
Juge au hasard et buvant s'en console;
Chez un seigneur ce juge dépravé
Avait passé moitié du jour à table,
Où Maupertuis s'était aussi trouvé.
Nous abordant avec un air affable,
Il veut savoir quel est donc ce docteur,
Ce Maupertuis, ce grand aplatisseur,
Avec lequel il fut en compagnie.
C'est, lui dit-on, ce fameux voyageur
Qui, parcourant la froide Laponie,
Par les efforts de son puissant génie
A mesuré, secondé d'un secteur,
Du monde entier la forme et la figure;
Et son calcul, qui soumet la nature,
A deviné le plan de son auteur.
« Dans les vieux temps, dit notre homme en furie,
On extirpait sorciers et diablerie;
Mais dans nos jours, siècle doux et poli,
Le zèle antique est par trop amolli. »
Calmez, calmez cette ardeur fanatique,
Lui dis-je alors; non, ce puissant appui
Du grand Newton, le sage Maupertuis
Ne s'est servi d'aucun secours magique;
Si son travail a perfectionné
Un art ingrat dont le calcul stérile
Est du succès rarement couronné.
Son but tendait à vous le rendre utile.