<263>rite et leur première splendeur; les autres puissances se rétabliront de même; ensuite d'autres ambitieux exciteront de nouvelles guerres et causeront de nouveaux désastres, car c'est là le propre de l'esprit humain, que les exemples ne corrigent personne : les sottises des pères sont perdues pour leurs enfants; il faut que chaque génération fasse les siennes.

Nous n'ajouterons qu'un mot à cet ouvrage, peut-être déjà trop long et trop verbeux, pour satisfaire à la curiosité de la postérité, qui sans doute désirera de savoir comment un prince aussi peu puissant que le roi de Prusse a pu soutenir une guerre ruineuse, pendant sept campagnes, contre les plus grands monarques de l'Europe. Si la perte de tant de provinces le mettait dans de grands embarras, s'il fallait fournir sans cesse à des dépenses énormes, il restait cependant quelques ressources qui rendirent la chose possible. Le Roi retirait quatre millions, l'un portant l'autre, des provinces qui lui restaient. Les contributions de la Saxe montaient entre six et sept millions; les subsides de l'Angleterre, qui en faisaient quatre, étaient convertis en huit millions; la monnaie, qu'on avait mise à ferme, en diminuant les espèces de la moitié, rendait sept millions; et, outre cela, on avait suspendu le payement des pensions civiles, pour appliquer tous les fonds aux dépenses de la guerre. Ces fonds différents que nous venons d'indiquer, faisaient par an, somme totale, vingt-cinq millions d'écus en mauvaises espèces, ce qui suffisait, à l'aide d'une bonne économie, pour le payement et l'entretien de l'armée, et pour les dépenses extraordinaires qu'il fallait renouveler à chaque campagne.

Veuille le ciel, au cas que la Providence abaisse ses regards sur les misères humaines, que le destin inaltérable et florissant de cet État mette les souverains qui le gouverneront, à l'abri des fléaux et des calamités dont la Prusse a souffert dans ces temps de subversion et de troubles, pour qu'ils ne soient jamais forcés de recourir aux re-