<235>dorf. Belling fit mine de se retirer : mais faisant soudain volte-face, il chargea l'ennemi avec tant de furie, qu'il le tourna en fuite, et reprit son poste. Les deux armées passèrent la nuit au bivouac.

Le lendemain, l'ennemi attaqua sérieusement tous les passages de la Mulde. Il fut repoussé par les Prussiens de tous les côtés. Immédiatement après que les assaillants se furent retirés, S. A. R. se rendit à sa droite. C'était sur le soir; il faisait déjà obscur : mais avec quelle surprise n'aperçut-elle pas la confusion qui y régnait! M. de Belling avait été chassé de son poste; M. de Bandemer, qui devait le soutenir, l'avait mal secondé. Le prince de Stolberg avait profité de ce moment pour occuper le Rathswald, par où il se trouvait sur le flanc et à dos des Prussiens. Ce dérangement considérable obligea S. A. R. d'abandonner sa position, qui, dans ces circonstances, n'était plus tenable. Elle partit à minuit, elle fit marcher son armée sur trois colonnes, et gagna le Zellesche Wald, sans que l'ennemi s'en doutât, ou fît mine de l'inquiéter. Les troupes se baraquèrent dans la forêt, pour se garantir contre le froid. Le lendemain, on prit une position plus avantageuse entre Riechberg et Voigtsberg. M. de Hadik demeura avec le gros de son armée sur le Landsberg, et les troupes des cercles, renforcées par M. Campitelli, se retranchèrent à l'entour de Freyberg, où M. de Maguire devait les joindre dans peu.

D'un autre côté, M. de Wied était en pleine marche : il s'approchait de Bautzen, et devait occuper les hauteurs de Weissig, pour s'avancer sur le Cerf blanc, par où il se trouvait à dos du poste de Bocksdorf, et pouvait bombarder la Nouvelle-Ville de Dresde. Cette diversion lui avait été prescrite pour obliger M. de Hadik à faire un gros détachement au delà de l'Elbe, afin de donner au prince Henri le temps de respirer et de pouvoir redresser ses affaires. Mais le maréchal Daun, qui avait très-bien pénétré l'intention du Roi, pour que M. de Hadik conservât la même supériorité en Saxe, avait fait côtoyer