<182> qui était à Thorn, de se mettre incessamment en marche pour joindre l'armée du Roi et faire conjointement avec elle la guerre aux Autrichiens. Les Suédois, qui se trouvaient, après ce revirement de système, abandonnés de leur plus puissant appui, furent obligés de faire la paix, de crainte du mal qui leur en pouvait arriver, s'ils tardaient davantage. Le Roi reçut une lettre d'apparat de la reine sa sœur, dictée par le sénat de Stockholm. Il y répondit dans le sens que la Reine pouvait le désirer, en lui témoignant le plaisir qu'il ressentait de voir se terminer une guerre entre de si proches parents; que, par amitié pour la reine sa sœur, il voulait bien oublier les procédés irréguliers et étranges de la nation suédoise, sans en conserver de ressentiment; que s'il faisait la paix, c'était uniquement pour elle, à condition toutefois que les choses seraient remises exactement sur le pied où elles avaient été avant le commencement de ces troubles. Comme la crainte pressait les Suédois à conclure cette négociation, elle fut. promptement terminée. Les plénipotentiaires des deux cours s'assemblèrent à Hambourg, et ils signèrent les préliminaires avant la fin du mois de juin.a

D'autre part, l'empereur de Russie poussait vivement son projet contre le Danemark. Il avait à la vérité résolu cette guerre; mais pour mettre dans cette rupture toutes les formalités de la justice, enfin pour qu'il parût que l'obstination des Danois l'avait forcé de rompre avec eux, il proposa l'assemblée d'un congrès à Berlin, où les ministres des deux partis devaient tâcher d'accommoder leurs différends sous la médiation prussienne. M. de Saldern, plénipotentiaire de l'Empereur, était chargé de demander aux Danois la restitution de tout le Holstein, qui avait anciennement appartenu aux ancêtres de Sa Majesté Impériale. Ce prince était bien persuadé que les Danois ne consentiraient jamais à des conditions aussi honteuses, et c'était le prétexte dont il voulait se servir pour se déclarer contre eux. Soixante


a Les plénipotentiaires des deux cours signèrent la paix définitive à Hambourg le 22 mai 1762.