<151> le moyen de les perdre en détail, par les détachements qu'il risquait, et qu'il ne pouvait pas soutenir. L'ennemi profita des fautes et des malheurs des Prussiens : à son tour il bloqua le prince de Würtemberg, de sorte que M. de Platen, qui ne put pas le rejoindre, se retira du côté de Stargard, où il fut suivi par M. de Berg.

Le Roi, informé de la déplorable situation de ses affaires en Poméranie, y envoya MM. de Schenckendorff et d'Anhalt, comme nous l'avons dit plus haut. Il n'était plus possible désormais de ravitailler les magasins de Colberg. Le dernier convoi, que les Russes venaient de prendre, avait emporté tous les chevaux que les provinces se trouvaient en état de fournir. D'ailleurs, les Russes étaient si supérieurs en nombre, ils avaient détaché tant de troupes entre Colberg et Stettin, qu'il était moralement impossible d'y faire passer un convoi : il fallait dès lors regarder la place comme perdue, et sauver les troupes du prince de Würtemberg, parce que c'était tout ce qu'il y avait de mieux à faire dans ces tristes conjonctures. Quelque diligence qu'eût faite M. de Schenckendorff, il ne put joindre M. de Platen que le 10 de novembre, entre Pyritz et Arnswalde. Ils marchèrent ensemble sur Greifenberg, où ils trouvèrent vis-à-vis d'eux M. Jacobleff, qui y avait été détaché de la grande armée. Pendant que M. de Platen le contenait, le prince de Würtemberg quitta son camp la nuit du 14 au 15, et longeant le rivage de la Baltique, il arriva à Treptow, sans avoir rencontré d'ennemis sur la route. Il se joignit ensuite au corps qui l'avait dégagé. Après leur réunion, ils tentèrent encore de déloger les Russes du voisinage de Colberg, en se portant à dos de leur armée. Mais ayant remarqué qu'ils n'obtiendraient pas leur but par cette manœuvre, ils s'avancèrent le 12 de décembre sur Spie, ils attaquèrent la redoute de Drenow, qu'ils emportèrent, et prirent les troupes qui la défendaient; ils auraient poussé plus avant, si toute l'armée russe ne se fût présentée devant eux dans le même camp que les Prussiens avaient occupé; et comme ils comprirent l'impossibilité d'attaquer