<131> ne se contenta point des précautions qu'il avait prises; par surabondance il fit partir M. de Platen avec onze bataillons et quinze escadrons pour Rothensirben, d'où il pouvait porter son attention sur Breslau et sur l'Oder, aller au secours de M. Tauentzien, ou donner des nouvelles de l'endroit où les Russes feraient des préparatifs pour passer cette rivière.

Dans ces entrefaites, le Roi fut informé par ses partis que l'armée autrichienne s'était campée à Kunzendorf, et que les Russes avaient abandonné les environs de Breslau; sur quoi l'armée quitta sa position de Strehlen, et arriva par une marche forcée au delà du Schweidnitzer-Wasser et de Canth, où elle fut jointe par MM. de Platen et de Knobloch. Le lendemain, le Roi changea la position de l'armée et la fit camper à Moys. Des bruits confus se répandirent dans ce camp que les Russes avaient passé l'Oder du côté d'Auras. Les uns assuraient que ce n'étaient que des Cosaques, d'autres, un détachement de l'armée, et quelques-uns prétendaient même que M. de Buturlin y était avec toute l'armée. Comme cette nouvelle était de la plus grande importance, on mit tout en œuvre pour s'en éclaircir. M. de Schmettau fut détaché à Neumarkt, d'où il chassa une troupe de Cosaques, et leur fit quelques prisonniers; et M. de Mollendorff fut envoyé faire une reconnaissance à un village nommé Roy. Il en chassa également un détachement d'ennemis; mais on tira peu de lumière des prisonniers qu'ils amenèrent au camp, parce qu'ils avaient passé l'Oder à la nage depuis trois jours, et que, s'occupant au pillage, cette milice barbare ne s'était pas même informée de ce qu'étaient devenus M. de Buturlin et son armée.

Un mouvement que M. Loudon fit sur Striegau, occasionna celui de l'armée du Roi pour occuper la colline de Leipe avec la droite et Eisdorf avec la gauche. Mais comme ce problème restait toujours à résoudre, savoir, si les Russes avaient passé l'Oder ou non, il fallut, pour se procurer des notions positives, détacher un corps assez fort