<74>mandant d'un mérite distingué n'arrête les assiégeants par l'opiniâtreté de ses chicanes.

Je ne prétends point répéter ce que le prince d'Anhalta et Vauban ont dit; ce sont nos maîtres, et ce sont eux qui ont réduit en préceptes une science qui n'était connue autrefois que par très-peu de personnes. J'ajouterai seulement quelques idées qui me sont venues en réfléchissant sur ces matières, et dont je crois que l'on pourrait se servir, surtout si les places assiégées n'ont que des fossés secs, et que le général cache bien son dessein. J'ai cru que l'on pourrait former, par exemple, deux attaques devant une ville, et, après que celles-là seraient avancées assez près du chemin couvert pour donner l'assaut de la contrescarpe, faire avancer de nuit un gros détachement d'un autre côté de la ville, qu'on se serait réservé pour cet usage; que ce détachement y donne l'assaut une demi-heure avant le jour. En même temps, il faut faire tirer tout le canon des batteries de nos deux attaques, pour que l'ennemi, s'imaginant que vous voulez prendre la contrescarpe, porte toutes ses attentions à ces deux attaques déclarées, et qu'en ce temps l'assaut de la surprise réussisse sans opposition. Je suis persuadé que l'ennemi courrait ou à l'un ou à l'autre, qu'il négligerait une des trois attaques, et que les assiégeants en profiteraient et emporteraient la place de ce côté-là. Il ne faut cependant hasarder de pareilles entreprises que lorsque le temps presse, et que l'on a des raisons importantes de finir le siége.


a L'ouvrage du prince Léopold d'Anhalt-Dessau auquel le Roi fait allusion est intitulé : Deutliche und ausführliche Beschreibung, wie eine Stadt soll belagert und nachher die Belagerung mit gutem Success bis zur Uebergabe geführet werden, 1788. Voyez t. XVI, p. 159 et 160. Voyez aussi J.-D.-E. Preuss, Die militärische Richtung in Friedrichs Jugendleben. Berlin, 1856, p. 23 et 24.