88. DU PRINCE HENRI.

Strenz, 25 août 1760.

.... Voilà, mon très-cher frère, ce que je puis vous dire à l'égard de l'armée. Je suis très-mortifié de vous parler ensuite de mon sujet, et de vous dire que j'ai fait tous mes efforts pour me soutenir jusqu'ici pendant la campagne; ce que j'ai souffert par la grande faiblesse des nerfs, par les douleurs de rhumatisme, n'est pas concevable. J'ai eu ensuite des fièvres éphémères, et, ces derniers jours-ci, je me suis traîné à peine. C'est un misérable sujet de vous entretenir de moi après les affaires si importantes qui vous occupent; mais c'est que je me trouve réduit à vous en parler, ne pouvant plus résister à tant de maux. Je compte d'aller à Breslau,249-a où je ne désespère pas de me remettre, peut-être dans peu, et de vous donner encore des<250> preuves de l'attachement et de la tendresse respectueuse avec lesquels je suis, etc.


249-a Le prince était déjà le 29 août à Breslau. Voici ce qu'on lit à ce sujet dans la Vie privée, politique et militaire du prince Henri, p. 98 : « Il se retira d'abord à Breslau, sous prétexte de maladie; ensuite à Glogau, où il resta la plus grande partie de l'hiver, et où il paraît qu'il fut retenu moins par sa santé que par le mécontentement que lui causèrent de nouvelles injustices du Roi à son égard. » Le prince Henri partit de Glogau le 28 mars 1761 pour aller joindre le Roi à Meissen, et celui-ci lui confia, le 21 avril, le commandement de l'armée qui agissait en Saxe contre le maréchal Daun. Voyez t. V, p. 79, 124, et 154-156.