<249> qu'à demander vingt mille écus en mon nom au ministre de Schlabrendorff, et de lui dire en même temps que c'est ma volonté. Je souhaite que vous soyez dans peu obligé d'en demander. Publiez là-bas que je vous envoie un corps de dix mille hommes. Demain je ferai courir des bruits que vous me fournirez tout autant. Adieu, mon très-cher frère.

88. DU PRINCE HENRI.

Strenz, 25 août 1760.

.... Voilà, mon très-cher frère, ce que je puis vous dire à l'égard de l'armée. Je suis très-mortifié de vous parler ensuite de mon sujet, et de vous dire que j'ai fait tous mes efforts pour me soutenir jusqu'ici pendant la campagne; ce que j'ai souffert par la grande faiblesse des nerfs, par les douleurs de rhumatisme, n'est pas concevable. J'ai eu ensuite des fièvres éphémères, et, ces derniers jours-ci, je me suis traîné à peine. C'est un misérable sujet de vous entretenir de moi après les affaires si importantes qui vous occupent; mais c'est que je me trouve réduit à vous en parler, ne pouvant plus résister à tant de maux. Je compte d'aller à Breslau,a où je ne désespère pas de me remettre, peut-être dans peu, et de vous donner encore des


a Le prince était déjà le 29 août à Breslau. Voici ce qu'on lit à ce sujet dans la Vie privée, politique et militaire du prince Henri, p. 98 : « Il se retira d'abord à Breslau, sous prétexte de maladie; ensuite à Glogau, où il resta la plus grande partie de l'hiver, et où il paraît qu'il fut retenu moins par sa santé que par le mécontentement que lui causèrent de nouvelles injustices du Roi à son égard. » Le prince Henri partit de Glogau le 28 mars 1761 pour aller joindre le Roi à Meissen, et celui-ci lui confia, le 21 avril, le commandement de l'armée qui agissait en Saxe contre le maréchal Daun. Voyez t. V, p. 79, 124, et 154-156.