<505> ce qui se passe ici. Quant au temps que je pourrai tenir en Bohême, je crois pouvoir assurer que je trouverai moyen d'y passer tout le mois de septembre, en me nourrissant aux dépens des ennemis. Quant à vous, mon cher frère, il n'y a, en vérité, autre chose à faire que de passer l'Elbe. Laissez plutôt, si vous le jugez à propos, vingt-cinq mille Prussiens et Saxons dans la Lusace, et passez avec le reste à Leitmeritz. Vous avez tout le cercle de Saatz, qui vous fournira abondamment des fourrages; mais il faut manger radicalement les frontières de la Lusace, pour que l'ennemi, après votre départ, ne puisse pas subsister. Il me semble que la Bohême pourrait même vous fournir pour tout le mois d'octobre, et si les moyens manquent pour s'y soutenir l'hiver, alors il faut des magasins en Saxe. Quand même l'Elbe serait trop basse, vous pouvez faire venir par charrois votre farine de Dresde, et vous pouvez établir vos magasins aux lieux que vous jugerez les plus convenables. Vous pouvez être assuré qu'à Prague l'on s'attend d'être pris par vos troupes d'un jour à l'autre; voilà ce que contiennent toutes les lettres interceptées. Non pas que je vous conseille de faire cette entreprise; maintenant elle serait prématurée, et pourrait avoir de mauvaises suites; mais je crois que, ne pouvant faire mieux, il est très-important de fourrager radicalement les frontières de la Saxe. Vous gagnerez par là que l'ennemi ne pourra pas pendant l'hiver se rassembler en force sur ces frontières, et tout le fourrage que vos troupes consomment, vous l'enlevez à l'ennemi. Faute de mieux, la politique de ma campagne se réduit au même objet, et je compte qu'une espèce de désert séparera pour cet hiver la Silésie des camps autrichiens. Les troupes qui m'ont suivi du camp de Burkersdorf ont eu une affaire d'arrière-garde avec Wurmser. Nous y avons perdu cent hommes; mais nous avons deux officiers et quarante prisonniers, et notre canon à cartouche doit avoir tué ou blessé au delà de deux cents ennemis. Je vous marque ces bagatelles,