<240>barras où je suis ici. Si je m'éloigne d'ici, j'expose le corps de Hülsen; si je reste, je ne saurais donner aucun secours à la Silésie, où tout ira sens dessus dessous. Ainsi je suis forcé de prendre un parti; autant que je m'en rompe la tête, il est difficile d'en prendre un qui soit bon. Voilà pourquoi je serai obligé d'agir au hasard; il ne me reste aucun autre moyen. On me donne des espérances au sujet d'un secours; mais je n'en vois aucun effet, et dans la situation pressante où je suis, il me faut de l'effet.

Je joins ci-clos les nouvelles ....

83. AU MÊME.

Quartier général de Grünau, 15 juillet 1760.



Mon très-cher frère,

Je viens de recevoir vos lettres du 5 et du 9 de ce mois. Vous demandez mon avis, si dans les circonstances présentes vous devez engager une bataille avec les Russes, ou non; sur quoi je ne saurais vous répondre autrement, sinon que, si les Russes viennent en deux corps, vous devez tâcher, sans balancer, d'en attaquer un, savoir, selon que les occasions convenables se présenteront, et, s'il est possible, quand il sera en marche; mais si toute l'armée russe vient dans un seul corps, alors vous ferez mieux de prendre un bon camp et de vous poster devant eux, à peu près entre Crossen et Glogau, où il faut que l'armée ennemie passe, si elle veut marcher sur Glogau.

Quant à moi, ma situation ici est encore très-embarrassante; je viens d'avoir pris un bon parti en assiégeant Dresde; mais je vois que, d'un autre côté, il me faudra faire encore bien d'autres choses au delà. Selon mes derniers avis, Daun est aux frontières de la Silésie,