<518> réponse je croyais que V. A. R. lui ferait, soit à lui-même, soit par mon canal, et je lui ai dit qu'elle répondrait apparemment qu'il forait fort bien de changer, supposé qu'il fût véritablement persuadé qu'il ne saurait se sauver autrement, c'est-à-dire, supposé qu'il en usât ainsi par un véritable mouvement de conscience; mais que, à cela près, cette démarche lui serait tout à fait indifférente. Ai-je bien ou mal pronostiqué? C'est à V. A. R. à me diriger là-dessus. Je chanterai aveuglément sur tel ton qu'il lui plaira me donner, ne visant absolument à rien qu'à vous prouver, monseigneur, à quelque occasion que ce soit, que je suis de cœur et d'âme, et avec une dévotion plus que parfaite, etc.

23. AU COMTE DE MANTEUFFEL.

Camp de Wehlau, 17 juillet 1786.



Mon cher Quinze-Vingt,

Hélas! faut-il que je vous écrive d'un camp de paix, et que jamais je ne puisse dater mes lettres d'un champ de bataille, ni des tranchées? Ne ressemblerai-je de ma vie qu'à ces épées qui restent éternellement dans les boutiques des fournisseurs, et qui se rouillent au clou où elles sont suspendues? Voilà des réflexions qui ne sont pas conformes à votre système, mais qui le sont fort au mien.

J'apprends que le Roi ne passera pas, à son retour, par votre terre, ce qui me fait beaucoup de peine. J'espère cependant de vous voir à mon retour à Berlin, qui sera d'aujourd'hui en trois semaines. Au reste, il y a très-peu de nouvelles à vous dire de ce pays-ci; l'on y médit un peu des Russiens, un peu des Saxons; et tout ce que l'on