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11. AU MARQUIS DE CONDORCET.

Potsdam, 12 décembre 1785.

Je vous suis infiniment obligé des Éloges académiques que vous venez de m'envoyer. Je suis de votre avis, que l'âge affaiblit aussi bien le style des prosateurs que la verve des poëtes, et qu'il faut dire avec Boileau à tous les hommes de lettres âgés :

Malheureux, laisse en paix ton cheval vieillissant,
De peur que tout à coup, efflanqué, sans haleine,
Il ne laisse, en tombant, son maître sur l'arène.a

Je compte toujours que vous voudrez bien vous donner la peine de me procurer un certain M. Lévesque, dont j'ai entendu dire beaucoup de bien, pour remplir la place de professeur de philosophie dont mon Académie a si grand besoin. Je suis sensible à la part que vous prenez à ma santé. A mon âge, il faut toujours avoir un pied dans l'étrier, pour être prêt à partir quand le quart d'heure de Rabelais sonne.b

Sur ce, etc.

12. DU MARQUIS DE CONDORCET.

(Janvier 1786.)



Sire,

M. Lévesque accepte avec reconnaissance la place à laquelle Votre Majesté a bien voulu le destiner. J'ose me flatter qu'il la remplira


a Voyez t. XXIV, p. 31, 183 et 186.

b Voyez t. XVI, p. 237; t. XVIII, p. 216; t. XIX, p. 162, 184 et 238; et t. XXIII, p. 434.