<XI>dinal de ce nom, naquit à Paris le 16 novembre 1717, et fut exposé sur les marches de Saint-Jean-le-Rond, église située près de Notre-Dame, et maintenant détruite. L'enfant fut recueilli et confié à la femme d'un pauvre vitrier, qui l'éleva. D'Alembert devint en 1772 secrétaire perpétuel de l'Académie française, dont il était membre depuis 1754; il mourut à Paris le 29 octobre 1783. Ses Réflexions sur la cause générale des vents, pièce qui avait remporté le prix proposé par l'Académie de Berlin pour l'année 1746, avaient attiré l'attention du Roi sur leur auteur, de manière que, surtout depuis le mois de juillet 1752, Frédéric fit tout son possible pour l'attirer auprès de lui. Mais les offres les plus brillantes (douze mille livres de pension, un logement au château de Potsdam, et la présidence de l'Académie après la mort de Maupertuis, déjà fort malade alors) ne parvinrent pas à séduire le philosophe, heureux de sa liberté et content de sa fortune, qui était pourtant au-dessous du médiocre, puisque ses revenus ne dépassaient pas mille sept cents livres. On trouve la preuve de tous ces faits dans la correspondance de Frédéric avec Darget,a alors à Paris, et de d'Alembert avec le marquis d'Argens, qui était à Potsdam, enfin dans une lettre de Maupertuis à l'abbé de Prades, lecteur du Roi, lettre datée de Paris, 25 mai 1753. Darget, Maupertuis et d'Argens avaient été chargés par le Roi d'engager d'Alembert à se rendre à Potsdam. La rigueur du climat du Nord, l'exemple des tracasseries suscitées par Voltaire à Maupertuis, un scrupule de délicatesse à l'égard de ce dernier, enfin son attachement à ses amis, ainsi qu'à cette obscurité et à cette retraite si précieuse aux sages, telles furent les excuses que d'Alembert fit valoir. Les engagements qu'il avait pris pour l'Encyclopédie l'obligèrent même à refuser, en 1753, de venir passer quelques mois à Berlin. Cependant il alla rendre ses devoirs au Roi à Wésel, où il arriva le 17 juin 1755, et il séjourna à Potsdam, auprès de lui, du 22 juin jusqu'à la mi-août 1763.b


a Voyez t. XX, p. 37, 38, 40, 41, 42, 57 et 63.

b Frédéric parle de cette visite dans sa lettre à la duchesse de Saxe-Gotha, du 22 juillet 1763, t. XVIII, p. 261, et dans ses lettres à son frère Henri, du 11 et du 16 juillet 1763. D'Alembert, de son côté, a donné une relation de son séjour à Potsdam dans les lettres qu'il écrivit à Mlle de Lespinasse pendant qu'il était auprès de Frédéric. Le recueil de ces lettres inédites se trouve à Paris, parmi les manuscrits de la Bibliothèque impériale, et M. Sainte-Beuve en a tiré parti dans l'article Frédéric le Grand, littérateur, qu'il a inséré dans le Constitutionnel du lundi 16 décembre 1850, et qu'il a fait réimprimer dans ses Causeries du Lundi, t. III, p. 144-159.