<II>Utrecht,a accompagné du lieutenant-colonel de Balbi et d'un page. L'abbé de Prades étant tombé en disgrâce, le Roi offrit les fonctions de lecteur à M. de Catt, qui les accepta, et arriva à Breslau le 13 janvier 1758. Il gagna bientôt la confiance et l'amitié de son maître, et la familiarité de leurs relations se manifeste soit dans leurs lettres, soit dans les poésies adressées par le prince à son lecteur, ou composées en son nom pour sa fiancée (voyez t. XII, p. 219,b p. 263 et suivantes, t. XIV, p. 140-157, et p. 158-169). Pendant la guerre de sept ans, M. de Catt put apprécier les souffrances et la fermeté de Frédéric, qui aimait à verser ses chagrins dans le cœur de ses amis. Les correspondances de ce prince avec le marquis d'Argens et avec M. de Catt furent une vraie consolation pour lui, et sont en même temps la source la plus pure que l'on puisse consulter pour connaître son caractère.

Frédéric parle souvent de son lecteur de la manière la plus avantageuse dans ses lettres au marquis d'Argens, à Voltaire et à d'Alembert.c Il ne se borna pas à lui donner des éloges, mais il lui conféra, le 2 février 1770, une vicairie dans le chapitre de saint Pierre et saint Paul, à Halberstadt, « avec le bénéfice de la résigner. » Cependant, au printemps de l'année 1780, M. de Catt, ayant eu le malheur de déplaire au Roi, cessa d'être admis à remplir les fonctions de sa charge. Dès lors il n'eut plus la satisfaction de revoir son maître, quoiqu'il demeurât à Potsdam, où il mourut le 27 novembre 1795.

Dans les volumes précédents, par exemple, t. XIV, p. XI et XII, t. XV, p. II, IX et XXIII, et t. XX, p. 304, nous avons eu occasion de tirer parti des Mémoires (manuscrits) de M. de Catt, qui rendent compte de ses intéressants entretiens avec le Roi.

Nous avons copié aux Archives du Cabinet (Caisse 397, D) les vingt-sept lettres de Frédéric à M. de Catt que nous présentons au lecteur dans ce volume. La


a Voyez t. XX, p. 66.

b Voyez t. XXIII, p. 102.

c Voyez t. XIX, p. 243 et 338; t. XXIII, p. 151; voyez aussi les lettres de d'Alembert à Frédéric, du 31 octobre 1774, du 7 février et du 12 avril 1775, et la réponse du Roi à d'Alembert, du 15 novembre 1774.