<679> justice qu'elle rend aux bons pères, en assurant qu'elle ne connaît point de meilleurs prêtres à tous égards. Cela me fait souvenir d'un certain philosophe, très-incrédule de son métier, en présence duquel on tournait en ridicule je ne sais quelle preuve de ce que Voltaire appelle . . . « Vous êtes bien difficile, répondit le philosophe; pour moi, je ne connais pas de meilleure preuve que celle-là. » Je n'ai pas moins ri de ce que V. M. ajoute, que, comme elle est dans la classe des hérétiques, le saint-père ne peut pas la dispenser de tenir sa parole; mais, tout en riant, je ne dois pas dissimuler à V. M. que la philosophie a été un moment alarmée de la voir conserver cette graine. Heureusement elle s'est rassurée bientôt, en considérant que la vipère est actuellement sans tête, que l'apothicaire Ganganelli a pris lui-même la peine de la couper, et que, au moyen de cette amputation, le reste du corps pourra fournir d'excellent bouillon médicinal, que V. M. espère sans doute en tirer. Ainsi soit-il!

J'ai fait passer à M. le marquis de Puységur, qui en ce moment n'est point à Paris, ce que V. M. m'a chargé de lui dire de sa part. Je ne sais ce qu'il peut répondre à l'objection très-solide que V. M. lui fait sur la prétendue différence des soldats anciens et des nôtres. Pour moi, juge très-indigne de ces matières, je pense que les soldats même du cordelier deviendraient les soldats de Paul-Émile, s'ils avaient un Frédéric à leur tête, et que la superstition pour l'antiquité n'a pas plus de raison de la croire supérieure aux modernes en force de corps qu'en talents et en génie.

M. de Guibert est revenu comblé de reconnaissance de toutes les bontés dont V. M. l'a honoré. Il ne parle qu'avec admiration de sa personne et de ce qu'il a vu; il n'a qu'un regret, mais ce regret est très-grand : c'est de n'avoir pu profiter des conseils que V. M. aurait