<517> encore mieux s'appliquer, en y joignant, à la vérité, des éloges encore plus mérités, s'il est possible, sur des objets plus grands et plus essentiels au bonheur des hommes. La fin de ce Prologue, Sire, est une plaisanterie neuve et de très-bon goût; Avancez mes bâtardsa m'a fait beaucoup rire. Hélas! Melpomène et Thalie n'ont presque plus que des bâtards; car nos comédiens même de Paris ne sont pas des enfants trop légitimes.

Je remercie très-humblement V. M. des nouvelles qu'elle veut bien me donner de sa santé; ce qu'elle ajoute me fait encore autant de plaisir, sur la tranquillité d'âme dont elle me paraît jouir en ce moment. Cette tranquillité d'âme, Sire, m'assure d'abord du bonheur de V. M., auquel je m'intéresse de préférence; elle assure ensuite par contre-coup le bonheur de vos sujets, et peut-être les dispositions pacifiques des autres princes de l'Europe. Je ne sais si le vendeur d'orviétan, ci-devant cordelier, est aussi tranquille sur le sort de sa vieille barque écloppée; je crois cependant qu'elle durera encore plus que lui. J'avoue qu'on achète beaucoup moins sa drogue; mais il y a pourtant encore, je ne dis pas seulement dans le peuple, je dis dans les conditions les plus relevées, des hommes qui achètent la drogue, et qui la prennent avec respect, et d'autres qui, à la vérité, ne la prennent pas après l'avoir achetée, mais qui n'osent la jeter au feu.

La question : s'il se peut faire que le peuple se passe de fables dans un système religieux, mériterait bien, Sire, d'être proposée par une académie telle que la vôtre. Je pense, pour moi, qu'il faut toujours enseigner la vérité aux hommes, et qu'il n'y a jamais d'avantage réel à les tromper. L'Académie de Berlin, en proposant cette question pour le sujet du prix de métaphysique, se ferait, je crois, beaucoup d'honneur, et se distinguerait des autres compagnies littéraires, qui n'ont encore que trop de préjugés. V. M. me permettra, à cette occasion, de l'assurer de toute la reconnaissance de MM. de la Grange,


a Voyez t. XIII, p. 27.