<199> mathématique; mais cet amour-là n'est pas de la plus grande véhémence; on aime froidement la vérité.

Au surplus, votre abominable homme n'a point de démonstration, il n'a que les plus extrêmes probabilités; il faudrait consulter Ganganelli; on dit qu'il est bon théologien. Si cela est, les apparences sont qu'il n'est pas un parfait chrétien; mais le madré ne dira pas son secret; il fait son pot à part, comme le disait le marquis d'Argenson d'un des rois de l'Europe.

S'il n'y a rien de démontré qu'en mathématiques, soyez bien persuadé, Sire, que de toutes les vérités probables la plus sûre est que votre gloire ira à l'immortalité, et que mon respectueux attachement pour vous ne finira que quand mon pauvre et chétif être subira la loi qui attend les plus grands rois, comme les plus petits Velches.

428. A VOLTAIRE.

Potsdam, 4 décembre 1770.a

Je vous suis obligé des beaux versb annexés à votre lettre. J'ai lu le poëme de notre confrère le Chinois, qui n'est pas dans ce qu'on appelle le goût européen, mais qui peut plaire à Pékin.

Un vaisseau revenu depuis peu de la Chine à Emden a apporté une lettre en vers de cet empereur;c et comme on sait que j'aime la poésie, on me l'a envoyée. La grande difficulté a été de la faire tra-


a Le 5 décembre 1770. (Variante des Œuvres posthumes, t. IX, p. 132.)

b Épître CXV. Au roi de la Chine, sur son recueil de vers qu'il a fait imprimer. Voyez Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XIII, p. 277.

c Voyez t. XIII, p. 43-46.