70. DE VOLTAIRE.

Décembre 1738.

Monseigneur, il nous arrive dans le moment une écritoire que madame du Châtelet et moi indigne comptions avoir l'honneur de présenter à V. A. R. pour ses étrennes. Le ministre qui, selon votre très-bonne plaisanterie, est prêt à vous prendre souvent pour un bastion ou pour une contrescarpe, vous offrirait une coulevrine ou un mortier; mais nous autres êtres pensants, nous présentons en toute humilité à notre chef l'instrument avec lequel on communique ses pensées. Je l'ai adressée à Anvers; elle part aujourd'hui, et d'Anvers elle doit aller à Wésel, à l'adresse de M. le baron de Borcke, ou, à son défaut, au commandant de la place, pour être remise à V. A. R. Ce qui m'encourage à prendre cette liberté, c'est que ce petit hommage de votre sujet, ayant été fait à Paris, imite et surpasse le laque de la Chine. C'est un art tout nouveau en Europe, et tous les arts vous doivent des tributs. Pardonnez-moi donc, monseigneur, cet excès de témérité.

Je suis avec la plus tendre reconnaissance, l'estime et l'attache<278>ment le plus inviolable, et le plus profond respect, monseigneur, de V. A. R., etc.