<385>D'un pénible et vigoureux siége;
Mais vous apprendrez d'eux par quel coup le destin.
Dans certain combat clandestin,
Nous a su garantir du piége
Que l'implacable Autrichien
Nous tendait en mauvais chrétien.
Vraiment, ce n'était pas la peine
Qu'avec tant d'appareil le peuple en fût instruit;
Jamais ni Condé ni Turenne
Pour si petits exploits ne firent si grand bruit.
Le politique, d'une âme hautaine,
Vous soutiendra qu'on est réduit
A nourrir d'espérance vaine
Le public aveuglé, fait pour être séduit.
A ... ainsi ... le mène
Du Canada jusqu'en Ukraine;
Qui sait le tromper le conduit.
Pour moi, qui n'ai jamais reçu cet Évangile.
Je ne prétends point par l'erreur
Abuser lâchement, en scélérat habile,
La confiance et la candeur
D'un peuple frivole et facile.
Ah! fasse d'un ciron qui veut un éléphant,
J'aime la vérité, le vrai seul est charmant.
Je ne veux point de bruit, de pompe solennelle,
Pour immortaliser le succès d'un moment.
Ce sujet, marquis, me rappelle
Ce trait d'un Suisse goguenard :
Il mangeait gras, c'était carême;
Un orage survint avec un bruit extrême.
Certain dévot, maître cafard,
Au front sournois, à l'œil hagard,
Lui dit : Vous excitez la céleste colère.
L'autre s'écrie en vieux soudard :
Grand Dieu, que de fracas! épargne ton tonnerre;
Ce n'est qu'une omelette au lard, a


a L'aventure de l'omelette au lard est attribuée par Voltaire à Des Barreaux, mort en 1673. Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XLIII, p. 511 et 512.