<324> et tous mes anciens États à l'abri des ravages de mes ennemis. Livrez-vous donc à une joie pure, et ne craignez plus, cette année, que votre domicile soit troublé par les attentats de ces brigands qui nous ont vexés avec tant d'impudence. Vous pouvez, mon cher marquis, vous promener tranquillement depuis Memel jusqu'à Magdebourg, et par conséquent prendre les eaux doucement à Sans-Souci, si vous le voulez. Pour moi, je serai obligé, comme le bœuf de mon voisin, de tracer à pas tardifs un pénible sillon.a Si la diversion se fait, j'aurai la légèreté du cerf et la force du lion; si cela n'arrive pas, nous ne serons guère avancés, mais nous pourrons nous soutenir, et la guerre ne finira pas.

Vous voilà au fait de tout, et vous en pouvez porter votre jugement sans vous tromper. Voyez ce que c'est de ces vastes projets. La mort vous trousse lestement une catin,b et voilà les projets de ces profonds politiques renversés. Quelles misères! Heureux le philosophe qui s'applique à la sagesse, et méprise tous ces riens pompeux dont l'ignorante et ambitieuse espèce d'hommes fait un si grand cas! Pour moi, j'en reviens tous les jours; mais les filles du ciel, ces industrieux insectes, sont faites pour pétrir de la cire, et moi pour politiquer.

J'ai eu les hémorroïdes durant un mois, avec un flux de sang assez considérable pour emporter le peu de forces qui me restent. Cela s'est passé depuis deux jours, et ma santé ne doit vous causer aucune inquiétude. Que le ciel nous assiste, et nous guerroierons tant qu'il le faudra. Voilà tous les restaurants et confortatifs que je puis vous donner. Je souhaite que vous les trouviez suaves et calmants, en un mot, capables de tranquilliser votre esprit et de ranimer votre corps, pour vous faire jouir d'une parfaite santé. Je m'y intéresse plus que personne, car vous le savez, et je ne vous apprends rien de nouveau


a Voyez ci-dessus, p. 305.

b Voyez t. XVIII. p. 168.