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133. DU COMTE ALGAROTTI.

Pise, 5 novembre 1762.



Sire,

Ce n'est pas, Sire, un des exploits les moins glorieux de Votre Majesté que la prise de Schweidnitz. N'avoir rien changé dans le plan de la campagne, nonobstant le départ des Russes; avoir mis le siége devant cette importante place; avoir voulu à discrétion le corps d'armée qui la défendait, et l'avoir eu, et cela, en présence d'un ennemi fort et nombreux qui en avait tenté le secours, c'est l'effet d'un calcul militaire le plus juste et le plus profond. J'en félicite V. M. du bord occidental de la Toscane; ad mare descendit vates tuus.a L'état faible de ma santé et une toux très-opiniâtre m'ont forcé d'abandonner le climat froid et inconstant d'au delà l'Apennin pour chercher l'air doux et tempéré de ce côté-ci. On ne connaît presque point ici le souffle du nord, les hivers sont des printemps, et on y voit croître en plein air l'arbore vittoriosa e trionfale dont V. M. s'est couronnée tant de fois.

134. AU COMTE ALGAROTTI.

Leipzig, 9 décembre 1762.

J'ai reçu avec plaisir la lettre que vous m'avez écrite, et ce que vous m'y dites de votre santé affaiblie me fait de la peine. J'espère que l'air doux que vous respirez la rétablira entièrement. Le climat où nous


a Horace, Épîtres, liv. I, ép. 7, v. 11.