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A M. ANDRÉ DE GUDOWITSCH.

Quartier général de Bettlern, 22 mai 1762.



Monsieur le brigadier de Gudowitsch,

La lettre que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire, en date du 28 d'avril, me fournit une preuve bien agréable de votre attachement pour ma personne et pour mes intérêts. Les obligations que je vous ai sont d'une nature à ne jamais s'effacer de mon souvenir. Je ne saurais oublier que vous êtes l'heureux instrument dont la Providence s'est servie pour moyenner non seulement ma paix avec la cour de Russie, mais pour munir encore par l'amitié la plus étroite avec le plus généreux et le plus grand de tous les princes. Le zèle que vous marquez pour ses intérêts, et l'attachement que vous lui portez, vous donnent de nouveaux droits sur mon estime. Je serai charmé de pouvoir vous en donner des preuves, et vous m'obligerez en m'en fournissant vous-même l'occasion. Sur ce, je prie Dieu qu'il vous ait, monsieur le brigadier de Gudowitsch, en sa sainte et digne garde.

A cette lettre, écrite par un secrétaire, le Roi avait ajouté de sa main les lignes suivantes :

Je vous regarde, mon cher monsieur, comme la colombe qui porta la branche d'olivier à l'arche. Vous êtes le premier instrument dont la Providence s'est servie pour cimenter cette heureuse union