<291> nouvelles que quelque esprit méchant et malintentionné prend plaisir à forger pour avoir celui de les voir répandues. Suivant ces nouvelles, les Prussiens ont été battus, leur cavalerie entièrement abîmée, le feld-maréchal de Schwerin pris prisonnier, deux cents prisonniers ont été arquebuses, parce qu'ils se sont révoltés, et cent nouvelles de cette nature. Ce qui m'a fait plaisir, c'est de voir la joie de tout le peuple à la naissance du prince, et que j'ai appris que V. M. se portait parfaitement bien. Cette nouvelle est d'une nature à dissiper le spleen le plus opiniâtre, et à réjouir un pauvre philosophe qui crache le sang, et qui aime la vie, parce qu'il a l'avantage d'y être heureux. J'ai l'honneur et le bonheur d'être, etc.

189. DU MÊME.

Berlin, 17 octobre 1744.



Sire,

Puisque Votre Majesté m'ordonne si gracieusement de l'entretenir de ma santé, j'ai l'honneur de lui dire qu'elle est toujours très-mauvaise. J'eus, la semaine dernière, un violent crachement de sang, et la toux continue son même train. Nonobstant tout cela, M. Eller me flatte, et me fait espérer ma guérison.

On est ici fort inquiet sur ce qu'on ne reçoit point de nouvelles de l'armée. On dit que le feld-maréchal de Schwerin a eu ordre d'attaquer les Saxons ou de leur proposer de se retirer : que le prince Charles a ordre d'éviter autant qu'il le pourra les occasions d'un combat. Voilà les nouvelles qui se débitent.

Les réflexions naturelles composées par mylord Chesterfield sur la conduite de V. M. paraissent aujourd'hui, imprimées chez Haude,