<97> nos destins. Pour moi, cher Cassubien, soit que je sois haut, ou bas, je n'en serai pas moins votre très-fidèle ami,

Le Gouverneur.

PETITE GAZETTE.

Madame le Grand va se promener tous les jours à Vieux-Ruppin, après quoi elle tient cour, où toutes nos dames se trouvent ordinairement. Elle est placée sur un grand fauteuil en forme de dais, et les dames qui ont le bonheur de lui faire la cour sont assises sur des tabourets. Un certain Groben, enseigne de notre garnison, l'a chassée de sa propre chambre comme les prêtres catholiques chassent le démon du corps d'un possédé. L'exorcisme s'est fait par le moyen de la fumée de tabac, chose que ladite dame ne peut souffrir. Le diable fut exorcisé, mais elle, en diable femelle, se répandit en injures contre l'exorciste. L'exorciste piqué repartit, et bientôt on aurait eu un combat d'amazones, si, par bonheur, son digne époux, le sieur Silva, ne s'en était mêlé. La paix fut faite et signée par quelques grandes rasades, bues de part et d'autre.

L'on dit que nos médecins sont tous faux. J'ai parlé à quelqu'un qui me dit que c'était comme partout ailleurs. On dit que la bière bouche l'esprit. Je soutiens le contraire; car, marque de cela, un bon brasseur d'ici, après avoir perdu quelques florins au jeu, y mit sa femme, par bonheur la perdit, et s'en vint au logis, disant qu'il y avait gagné beaucoup en perdant son plus grand ennemi. Dixi.