<65>D'un esprit nourri de sophisme,
Qui fait germer un athéisme
Moins né de l'esprit que du cœur.
La ferme, la bonne morale,
Les devoirs de l'humanité,
Et l'incorruptible équité,
Qui marche d'une allure égale
Où la guide la vérité,
Les vertus de Saturne et de Rhée,
Ne régnèrent point dans ces lieux,
Et n'ont pas eu plus de durée
Que le siècle de nos aïeux.
Cher ami, de cette contrée
J'ai fui les vents contagieux;
J'ai fui les plaisirs ennuyeux
Que l'on vante par complaisance,
Et qu'on goûte par bienséance.
Mon esprit libre des liens
Dont la cour enchaînait mes mains,
Des respects de l'obéissance,
Et de tous ces hommages vains
Que des grands la magnificence
Se fait rendre par l'indigence;
Enfin réchappé du palais
Où l'esclavage de la gêne
Tenait, de sa main inhumaine,
Ma liberté dans les filets,
Où la timide prévoyance
Et la circonspecte prudence,
Craintive et marchant à tâtons,
De l'ennui que causent leurs noms