<200>Amollir par des pleurs le fier Coriolan,a
Ou sauver au milieu de la Grèce assemblée
La triste Iphigéniea au point d'être immolée.
Tout ce brillant fracas à la fin assourdit,
Et l'homme dissipé lui-même s'étourdit.
Dans une vie errante et presque vagabonde.
Suivez le tourbillon de la cour ou du monde :
Toujours embarrassé d'affairés fainéants,
Profondément rempli de cent riens importants,
Et sans cesse entraîné par le torrent rapide
Des plaisirs répétés dont la mode décide,
De cette oisiveté prompt à vous infecter,
Sans vivre, sans penser, réduit à végéter,
Au grand monde, au spectacle empressé de paraître,
Vous vous fuiriez, de crainte un jour de vous connaître.
Qui veut s'étudier doit chercher le repos :
Là, seul avec lui-même, il peut voir ses défauts,
C'est ainsi de son temps que doit user le sage;
De l'art de se connaître il fait l'apprentissage,
Et dans un examen souvent trop odieux,
Vainqueur des préjugés qui fascinaient ses yeux,
Il foule sous ses pieds l'artificieux masque
Qui cachait ses travers ou son humeur fantasque,
Repousse l'amour-propre en son cœur renaissant,
Qui flatte ses désirs et blesse en caressant.
Je vois que vous pensez que toute comédie
Reprend le ridicule et réforme la vie.


a Allusion à Iphigénie en Aulide, 1748, et à Coriolan, 1749, opéras de Graun dont les paroles furent composées par le Roi lui-même. Il tira une partie du premier de l'Iphigénie de Racine, et imita d'Euripide la fin de la pièce. Quant à l'opéra de Coriolan, voyez la lettre de Frédéric au comte Algarotti, du 6 septembre 1749.