<151>Et vos regards mourants jouirent de sa fuite.
Werdecka et Buddenbrock,a ardents à la poursuite,
Dans ces funèbres champs terminèrent leurs jours.
Bientôt13 la politique, appelant des secours,
Ligua cent nations qui juraient notre perte;
De leurs soldats nombreux la terre fut couverte,
Et l'on voyait marcher sous l'aigle des Romains
Croates et Saxons, barbares et Germains.
Trop fiers de leurs projets, pleins d'une ardeur extrême,
Ils descendaient déjà des monts de la Bohême;
Un présage trompeur, un chimérique espoir
Et leur présomption leur faisaient entrevoir
De la Prusse aux abois la facile conquête;
Sans songer aux combats, ils réglaient dans leur tête
Le partage des lieux qu'ils croyaient subjuguer.
Que de sang généreux ce jour vit prodiguer!
Schwerin, Truchsess, Düring,b vous perdîtes la vie;
Votre sort glorieux est digne qu'on l'envie.
Quoi! sont-ce des dragons,b sont-ce des demi-dieux
Qui renversent partout l'ennemi devant eux?
Quel nombre de captifs et de drapeaux signale
De leurs brillants exploits la pompe triomphale!
Ainsi, lorsque les vents déchaînés sur les eaux
Vers le prochain rivage amoncellent les flots,
D'un choc impétueux les digues sont percées,
Les bois déracinés, les maisons renversées,


13 Campagne de 1744 et 1745.

a Voyez t. II, p. 140 et 168. Le major Charles-Frédéric de Buddenbrock, du régiment de cuirassiers (no 1) du feld-maréchal son père, resta sur le champ de bataille de Chotusitz.

b Voyez t. III, p. 129 et 130.