<128> bois qu'il gagna vers la nuit, sans que la cavalerie française osât l'entamer.

Le succès des troupes prussiennes sur le Rhin et leur bonne conduite en Souabe, ne rassurèrent pas Frédéric Ier contre l'appréhension que lui donnait le voisinage des Suédois; rien ne leur résistait alors : le génie de Pierre Ier, la magnificence d'Auguste, étaient impuissants contre la fortune de Charles XII; ce héros était à la fois plus valeureux que le Czar, et plus vigilant que le roi de Pologne. Pierre préférait la ruse à l'audace; Auguste, les plaisirs aux travaux; et Charles, l'amour de la gloire à la possession du monde entier. Les Saxons étaient souvent surpris ou battus : les Moscovites avaient appris à leurs dépens l'art de se retirer à propos; ils ne faisaient qu'une guerre d'incursions. Les armées suédoises étaient seules jusqu'alors assaillantes et victorieuses : mais Charles XII, dont l'inflexible opiniâtreté ne mollissait jamais, ne savait exécuter ses projets que par la force; il voulait assujettir les événements comme il domptait ses ennemis. Le Czar et le roi de Pologne suppléaient à cet enthousiasme de valeur par les intrigues du cabinet : ils réveillaient la jalousie de l'Europe, et suscitaient l'envie contre le bonheur d'un jeune prince ambitieux, implacable dans ses haines, et qui ne savait se venger des rois ses ennemis qu'en les détrônant.

Ces intrigues n'empêchèrent pas Frédéric Ier, qui n'avait point de troupes à sa disposition, de conclure une alliance défensive avec Charles XII, qui avait une armée victorieuse dans le voisinage. Frédéric Ier et Stanislas reconnurent réciproquement leur royauté. Ce traité ne dura qu'autant que la fortune de Charles XII ne se démentit point.

Quoique cette alliance dût rassurer le Roi, il fournit toutes ses places de la Prusse de garnisons suffisantes, et il envoya de nouveaux secours à l'armée alliée, en Souabe. Ce fut dans cette province que les Prussiens eurent une part considérable au gain de la fameuse bataille