11065. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE KNYPHAUSEN A LONDRES.

Reich-Hennersdorf, 8 juin 1759.

J'ai reçu les rapports que vous avec le sieur Michell m'[avez] faits du 22 et du 25 du mois passé de mai, dont j'ai été bien aise d'apprendre les nouvelles qu'ils contiennent. Je suis très persuadé que toutes les démonstrations que les Français font pour quelque débarquement en Angleterre305-3 n'est305-4 qu'une ostentation toute pure pour empêcher par là qu'il n'en soit fait quelque nouvel envoi des troupes anglaises en Allemagne.

J'applaudis entretemps la sage conduite des ministres anglais qu'ils, sans s'embarrasser de cette ostentation, prennent de bonnes précautions sur tous les cas qui sauraient arriver, et continuent, nonobstant cela, de pousser aux dispositions que le gouvernement a faites pour le cours de la présente campagne, sans en changer aucune.

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Au surplus, quoique je me flatte que peut-être la garantie de l'Angleterre sur mon traité à faire avec la Porte Ottomane306-1 soit déjà décidée et les instructions avec les pleins pouvoirs pour le sieur Porter expédiées, je ne saurais pas m'empêcher de recommander extrêmement encore cette affaire en tout cas, pour la presser à sa maturité, afin que la Porte puisse agir encore cette année. Car sûrement voilà le moyen le plus sûr pour parvenir au plus tôt à une pacification générale et à une paix solide et avantageuse, tandis que la garantie ou même une accession de l'Angleterre ne saurait tirer à aucune conséquence pour elle, mais bien avoir des suites heureuses pour ses propres affaires, au lieu qu'un refus saurait donner beaucoup à penser au Grand-Vizir pour le faire changer de parti et se jeter dans les bras de la France; ce que j'abandonne tout à votre considération et à l'usage que vous [en] ferez.

Federic.

Nach dem Concept.



305-3 Vergl. S. 290.

305-4 So; auch im Déchiffré der Ausfertigung.

306-1 Vergl. S. 242.