<168>dorff quitta la Saxe, et releva MM. de Schmettau et de Thadden à Guben; il fut suivi par le corps de Platen, qui alors se trouvait aux ordres de M. de Krockow. Tous ces détachements arrivèrent successivement à Breslau, savoir : MM. de Schmettau, de Thadden, de Zeuner, le 15 d'avril; M. de Krockow avec vingt-cinq bataillons et trente-cinq escadrons, le 6 de mai; et M. de Lossow,a qui avait couvert la Haute-Silésie contre les Cosaques, releva avec ses hussards et Bosniaques M. de Dalwig à Canth; le prince de Würtemberg joignit l'armée le 12 de mai avec cinq bataillons et six escadrons.

Il paraîtra surprenant sans doute que les Autrichiens aient souffert avec tant de flegme et de sang-froid la jonction de tous ces corps prussiens, sans y apporter le moindre obstacle; mais leur consternation et leur découragement étaient prodigieux, tant à cause de la défection des Russes, sur lesquels ils avaient beaucoup compté, que de la réduction de leurs troupes, que la cour de Vienne avait faite si fort à contre-temps durant l'hiver. Outre cela, une espèce de lèpre, qui régnait dans leur armée, mettait la moitié de leurs régiments hors de combat. Les officiers, en leur particulier, regardaient les affaires comme perdues; d'ailleurs, le commandement de l'armée de Silésie avait été conféré au maréchal Daun, et M. de Loudon, se trouvant sur le point de lui remettre l'armée, ne témoignait pas d'empressement de travailler pour son successeur, ni de risquer sa réputation pour un homme qu'il détestait dans le fond du cœur. Si l'on considère ces différentes raisons avec attention, on trouvera moins surprenant que le Roi ait rassemblé ses forces divisées avec aussi peu d'opposition de la part des ennemis.

Pendant que l'armée se rassemblait aux environs de Breslau, l'empereur de Russie manda au Roi qu'il avait donné ordre à M. de Czernichew de quitter Thorn, et de venir se joindre en Silésie aux troupes prussiennes. Cet heureux événement, qui influait si fort dans les projets pour la campagne, donna lieu de les


a Daniel-Frédéric de Lossow, né dans la Nouvelle-Marche en 1722, devint en 1709 lieutenant-colonel dans le régiment des hussards noirs, no 5, dont il ne tarda pas à être nommé commandeur (t. IV, p. 209); en 1761, il fut fait colonel, et le 9 mai 1762, chef du même régiment et du corps des Bosniaques.