<245>conditions que je désire en représailles de la part de Votre Majesté, consistent à évacuer au plus tôt mes États de ses troupes, et à souffrir que les miennes puissent librement et sans être molestées rentrer dans leurs quartiers, dont cependant les trois places susdites seront exemptées, dans l'espérance que les troupes de Votre Majesté y vivront à leurs dépens, et ne se mêleront point de ce qui regarde les affaires civiles. Pour ne pas être obligé d'alléguer en détail ce qui concerne cet arrangement, je laisse à la disposition de Votre Majesté le choix de la personne qu'elle voudra destiner à cet usage; de ma part j'en ferai de même, afin qu'ils puissent s'arranger entre eux et venir recevoir notre consentement. Que Votre Majesté considère par là jusqu'à quel point je pousse mes avances : il me serait impossible d'en faire davantage, et j'aimerais mieux en venir aux plus grandes extrémités que d'oublier ce que je dois à moi-même, à mon pays et à mon armée, etc.

REPONSE DU ROI DE PRUSSE.

Sedlitz, le 12 septembre 1756.

Que Votre Majesté se ressouvienne de ma lettre d'hier, où j'ai dit qu'il est non seulement très-dangereux, mais même presque impossible d'entrer par la Saxe en Bohême, et de laisser une armée arrière moi. S'il ne s'agissait simplement que de marques de complaisance, il n'en est point dont je me dispenserais de lui témoigner; mais il s'agit ici de la sûreté et de la conservation d'un pays dont je suis roi, et c'est justement ce qui me force à ne pas quitter la Saxe jusqu'à ce que je sois parfaitement convaincu que je ne laisse rien en arrière qui puisse me donner dans la suite occasion de m'en repentir. Mon avant-garde est déjà en Bohême, elle est suivie d'un corps considérable; et s'il plaît à Votre Majesté d'envoyer un de ses officiers, quel qu'il soit, je