<13>Browne à se retirer de cette province. Il mit à son retour le siége devant Gênes, et cette ville le soutint sans succomber; la France y envoya des secours sous M. de Boufflers, et depuis sous le duc de Richelieu, qui prirent tous deux de si justes mesures, qu'ils rendirent les efforts des Autrichiens inutiles. Les troupes combinées des Français et des Espagnols sous M. de Belle-Isle, voulurent, après la retraite de M. de Browne, se rouvrir le chemin de l'Italie. Les Français s'approchèrent les premiers du col de l'Assiette : M. de Belle-Isle trouvant ce poste faiblement défendu, le jugea insultable; il manda les Espagnols pour l'attaquer à forces réunies, et les Espagnols différèrent trois jours avant de le joindre. Cela donna le temps au roi de Sardaigne de renforcer ceux qui défendaient cette gorge, qu'il lui était si important de conserver : sur cela, les Espagnols arrivèrent, et quoique les conjonctures ne fussent plus les mêmes que lorsque M. de Belle-Isle les avait mandés, il n'en voulut point avoir le démenti; il attaqua les Sardois avec beaucoup de vigueur, et après avoir employé tout ce que lui pouvait inspirer l'audace et le courage, il se fit tuer en arrachant de ses mains une palissade du retranchement ennemi : ne pouvant surmonter les obstacles que la nature et l'art lui avaient opposés, ses efforts ne servirent qu'à augmenter ses pertes. Les troupes des deux couronnes furent généralement repoussées, et la France fut en deuil pour le nombre d'officiers de condition et des plus grandes maisons qui y périrent. Le public, souvent injuste, rempli de préjugés, et apparemment mal instruit, taxa cette entreprise de témérité, qui, n'étant que hardie, aurait réussi, si M. de Belle-Isle eût pu exécuter son projet lorsqu'il le conçut, et si la lenteur des Espagnols ne lui eût pas fait perdre les lauriers qu'il était près de cueillir.

Cependant les Français se dédommageaient en Flandre des mauvais succès qu'ils avaient eus aux Alpes. Le génie du comte de Saxe avait pris de l'ascendant, par lequel il subjuguait tous les ennemis de la France. Ce maréchal ouvrit la campagne en mettant son armée en marche sur plusieurs colonnes. L'une menaçait Luxembourg, l'autre Bois-le-Duc, une autre Venlo; leurs mouvements vinrent se réunir à Mastricht, dont elles formèrent l'investissement, et y mirent le siége.