<12>séquents des alliés, crut que Laeffelt était vide de troupes; il se proposa de s'en saisir, et le trouva garni d'ennemis. L'attaque commença sur-le-champ, et à force de la renouveler et d'y sacrifier du monde, les Français l'emportèrent : cette prise décida de l'action. Les alliés se retirèrent à Mastricht, sans que le maréchal de Saxe les poursuivît, parce que M. de Clermont-Tonnerre se dispensa de charger l'ennemi avec sa cavalerie, quoiqu'il en eût reçu des ordres réitérés : cette désobéissance à son général lui valut le bâton de maréchal de France. Louis XV ne gagna donc proprement par cette victoire que le stérile avantage de camper sur le champ de bataille; et le duc de Cumberland, quoique battu, garantit Mastricht d'un siége.

Pour ne pas laisser néanmoins écouler inutilement la campagne, le comte de Saxe se rabattit sur Bergen-op-Zoom. Il chargea M. de Löwendal de cette difficile entreprise. Les excellents ouvrages de Cœhorn, et l'art admirable dont il en avait construit les mines, défendirent presque seuls cette place. M. de Cronström en était gouverneur; il avait quatre-vingt-dix ans; son esprit était aussi caduc que son corps était infirme. La garnison n'était pas des meilleures, et les officiers sans expérience ne savaient s'ils devaient se déterminer pour les mines ou pour l'inondation dans leur défense; ils eurent le sort de cet âne fameux dans l'école, qu'on dit être mort de faim entre deux boisseaux d'avoine, faute d'avoir pu faire un choix. Les Français donnèrent l'assaut à la place, et l'emportèrent presque sans résistance : à peine le gouverneur eut-il le temps de se sauver en bonnet de nuit et en robe de chambre; et cet exploit termina pour cette année les succès des Français en Flandre.

La fortune fut moins contraire aux Impériaux en Italie et en Provence. La révolution arrivée à Gênes fit à la vérité manquer l'expédition du comte de Browne sur Toulon. Cette révolution se fit par hasard. Les Autrichiens maltraitaient quelques bourgeois qui travaillaient à embarquer de l'artillerie pour Antibes; le peuple s'ameuta, soutint ses concitoyens insultés, et dans les premiers accès de sa fureur il chassa le marquis de Botta et toute la garnison autrichienne de Gênes. Ce contre-coup fit manquer l'armée de Provence de vivres et de munitions, et obligea M. de