<105>dix escadrons du vieux Möllendorff; il fond sur les ennemis, et les Hongrois furent défaits, et ramenés en battant jusqu'aux frontières de la Bohême. Les Autrichiens perdirent six cents hommes à cette affaire, avec quelques-uns de leurs principaux officiers blessés, qui furent pris. On sut des prisonniers que M. de Nadasdy avait l'ordre de prendre poste à Landeshut, et qu'au cas qu'il eût réussi, le prince de Lorraine l'aurait suivi infailliblement. Tant de capacité et une conduite si sage, valurent à M. de Winterfeldt le caractère de général-major.

Il n'y avait plus un moment à perdre pour rappeler le margrave Charles de la Haute-Silésie. La milice hongroise avait profité de la levée des quartiers pour investir de partis toute la Haute-Silésie : six mille hussards voltigeaient entre Jägerndorf et Neustadt, pour intercepter la communication du margrave Charles avec l'armée. Pour lui faire tenir l'ordre de se retirer sur Neisse, le Roi lui détacha les hussards de Zieten, qui se firent jour l'épée à la main à travers les Hongrois, et lui rendirent sa lettre. Le Margrave se mit en marche le 22 de mai; les troupes qu'il commandait, faisaient environ douze mille hommes. Les ennemis, qui prévoyaient sa retraite, s'étaient renforcés, jusqu'au nombre de vingt mille hommes, d'un ramas de nations barbares, et de quelques troupes réglées qui leur étaient venues de Moravie : ils occupèrent, la veille, toutes les hauteurs qui étaient sur le chemin du Margrave, et y établirent trois batteries qui tiraient en écharpe, dont les troupes prussiennes furent fort incommodées dans leur marche. Le Margrave, sans s'embarrasser des obstacles que l'ennemi lui opposait, s'empara des hauteurs voisines et des défilés les plus considérables avec quelques bataillons : et, au débouché de ces gorges, il forma les régiments de Gesslera et de Louis,b cavalerie, qui tombèrent avec toute l'impétuosité possible sur le régiment d'Ogilvie, en taillèrent en pièces la plus grande partie; puis ils fondirent sur celui d'Esterhazy, qui faisait la seconde ligne, le passèrent au fil de l'épée; et, après s'être ralliés, ils attaquèrent les dragons de Gotha, qui devaient sou-


a Le régiment de cuirassiers no 4 de la Stammliste de 1806.

b Le régiment de Louis était le régiment de dragons du colonel Louis-Eugène-Jean, prince de Würtemberg-Stuttgart, no 2 de la Stammliste de 1806.