<58>tion se met dans son bataillon, il aura dans chaque compagnie un bas officier qui fera la ronde pour observer ceux qui. sons prétexte de besoins, sortent la nuit des tentes.

Si l'armée marche, il ne doit jamais s'écarter de son corps. S'il fait des chaleurs excessives en chemin, on peut mêler un peu de vinaigre avec de l'eau et la donner au soldat, ce qui ne lui fera aucun mal tandis qu'il reste en marche; mais s'il boit lorsqu'il y a une halte, cela peut être mortel, et l'officier doit l'en empêcher rigoureusement.

On sait par expérience que la valeur des troupes consiste uniquement dans celle des officiers : un brave colonel, un brave bataillon; et l'on a vu dans toutes nos guerres que lorsque le commandeur a été bien valeureux, le bataillon n'a jamais été repoussé, à moins que le commandeur ne fût blessé ou tué auparavant.

Si l'armée se trouve dans un poste, et que l'ennemi l'attaque, le commandeur doit défendre son poste et le maintenir par le feu. C'est là que les charges les plus vives sont les meilleures; et comme le soldat peut avoir épuisé sa munition bien vite, il faut, avant qu'il ait tiré la dernière cartouche, envoyer des bas officiers de chaque peloton au tombereau de réserve y chercher des cartouches, et les faire distribuer à son monde le plus vite que possible, pour que son feu n'en soit pas trop ralenti.

Si on attaque l'ennemi dans la plaine, et que le commandeur se trouve de l'aile et du corps qui attaque, il doit marcher en bon ordre à l'ennemi, commencer la charge à trois cents pas, et, à la moindre confusion qu'il voit dans ceux qu'il attaque, marcher avec la baïonnette dessus, pour achever leur défaite.

Si l'on attaque l'ennemi dans un poste difficile, le commandeur doit empêcher son monde de tirer tant qu'il peut, parce que tout feu qui se fait de bas en haut ne produit presque aucun effet, que, pour gagner une bataille, il faut gagner du terrain, que le plus tôt qu'on peut se trouver sur le champ de bataille où l'ennemi s'était rangé, plus on ménage son monde et moins l'affaire est-elle meurtrière. Mais aussi le commandeur ne doit point se laisser emporter à une poursuite trop vive, ou il faudrait qu'il ait perdu peu de monde à la première attaque, que tout le corps