<314>de me donner toutes les nouvelles nécessaires de ce pays-là; cependant il me paraît que la sécurité que le faible gouvernement des Anglais inspire à Choiseul le rassure sur ses opérations, et le refroidit vis-à-vis de nous. Le mal n'est pas grand, et nous resterons sur nos pieds, quand même le traité de commerce ne se fera pas.

Fiervillec est revenu. Sa troupe est complète, et sera ici au mois d'avril. Il la dit bonne. Je lui ai parlé sur son séjour de France. Il ne parle que de la misère qui règne dans ce royaume, et de l'immense différence qu'il y a trouvée à proportion de ce que c'était autrefois. J'ai ajouté à son récit la croyance que l'on donne à celui de Théramène ou d'Ulysse dans les tragédies.a Il a été obligé de quitter Paris pour s'être brouillé avec ce petit Lauraguais que vous vous souviendrez d'avoir vu ici, et cette lettre de cachet lui pèse encore sur le cœur.

Je vous embrasse, mon cher frère, en vous assurant de la tendresse infinie avec laquelle je suis, etc.

198. DU PRINCE HENRI.

Rheinsberg, 16 juin 1769.

Je suis dans la joie de mon cœur de savoir votre retour, mon très-cher frère. L'intérêt que je prends à votre santé doit vous être connu; je réprime tout ce que je pourrais dire à ce sujet, et enferme dans mon cœur les plus tendres souhaits pour votre prospérité.

Vous daignez m'apprendre des nouvelles bien intéressantes; les Français malmenés en Corse, un Paolib qui résiste à la puissance d'un Roi Très-Chrétien, fait un événement intéressant dans l'histoire. La disgrâce arrivée à M. de Vaux pourrait bien rejail-


c Voyez t. XX, p. 113, et t. XXIV, p. 190.

a Allusion aux tragédies de Phèdre et d'Iphigénie, par Racine.

b Voyez t. XIV, p. XVI, et t. XVIII, p. VIII et 305.