<439>brioche, a plaidé la cause de son paroissien, et a soutenu qu'il n'avait point prétendu jouer la comédie, et qu'il était dans les plus saintes dispositions du monde. Pour lui, il me semble qu'il n'y a pas fait tant de façons, et qu'il a dit, comme Pourceaugnac, à qui ses médecins veulent tâter le pouls pour savoir si on lui donnera à manger : Quel grand raisonnement faut-il pour manger un morceau?a

Je sens que j'abuse du temps et des bontés de V. M. en l'entretenant de ces misères; je lui en demande pardon; je la supplie de se conserver pour le bonheur de ses sujets, pour l'exemple de l'Europe, et pour le bien de la philosophie et des lettres. J'espère que M. Mettra me rapportera de bonnes nouvelles de sa santé, et voudra bien lui témoigner l'attachement inviolable, la reconnaissance, l'admiration et le très-profond respect avec lequel je suis, etc.

P. S. Je viens de lire une Profession de foi des théistes qui me paraît adressée à V. M. C'est un fruit des pâques de Ferney.a

50. A D'ALEMBERT.

Le 4 août 1768.

Je vois que votre attachement à la philosophie est supérieur à tout appât de fortune. Vous ne voulez pas vous engager à la cour, fût-ce même en qualité de casuiste chargé de faire les équations algébriques des péchés du souverain et des peines qu'il encourt. Vous préférez votre retraite philosophique au faste des grandeurs; et, plus sage que Platon, aucun Denys ne vous fera abandonner la méditation pour vous livrer au tourbillon des fri-


a Monsieur de Pourceaugnac, comédie-ballet par Molière, acte I, scène I.

a Profession de foi des théistes, par le comte Da . . . Au R. D. Traduite de l'allemand. 1768. Cet opuscule se trouve dans les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XLIV, p. 112-142.