<390>mieux rester dans je ne sais quel village que d'aller enseigner l'éloquence à des hérétiques. M. l'abbé d'Olivet m'a promis de faire tout ce qui dépendrait de lui pour y suppléer par un autre sujet, et pour répondre aux désirs de V. M.; il ne veut envoyer qu'un maître excellent, et digne de la place importante que V. M. lui destine. S'il n'était question que d'un professeur médiocre, le choix ne nous embarrasserait pas; mais V. M. ne veut pas et ne mérite pas qu'on la trompe.

Je prends la liberté, Sire, de joindre à cette lettre l'écrit que V. M. m'a fait l'honneur de m'envoyer; j'y ai fait de légers changements, que je prends aussi la liberté de lui proposer. Ces changements se bornent à une addition d'une demi-ligne, à quelques mots substitués à d'autres, et à quelques retranchements en très-petit nombre, qui, ce me semble, rendront l'ouvrage plus serré, sans lui rien ôter de sa force. J'ai conservé d'ailleurs presque partout les pensées et les expressions; je n'ai peut-être été que trop sacrilége en touchant au reste.

V. M. me compare aux rois de Perse, qui cherchent, pour se faire valoir, à se dérober aux regards humains. Je ne répondrai point à ce qu'elle veut bien me dire d'obligeant à ce sujet; mais je l'assurerai, avec la sincérité qu'elle me connaît, que si les princes ressemblaient à un roi que j'ai eu le bonheur de voir et d'approcher, la philosophie entendrait bien mal ses intérêts en se cachant.

Je suis avec l'admiration, la reconnaissance, l'attachement inviolable et le profond respect qui ne finiront qu'avec ma vie, etc.

21. A D'ALEMBERT.

J'ai reçu vos remarques, et les changements que vous proposez dans mon Avant-propos, avec bien du plaisir. Je corrigerai les endroits défectueux, et j'éclaircirai mes pensées dans les passages