<389>tous égards très-inférieur à Bayle et à Gassendi comme philosophe; il me semble même que c'était moins un grand philosophe qu'un excellent écrivain en philosophie. Il a bien démêlé les erreurs ordinaires des sens et de l'imagination, mais il y en a substitué d'autres; je n'ai jamais vu en lui qu'un assez bon démolisseur, mais un mauvais architecte.

J'abandonne aussi à V. M. les avocats, les prédicateurs, et tout ce qui leur ressemble; le bavardage du barreau me paraît insupportable, et les déclamations de la chaire bien ridicules.

V. M. sera bientôt ennuyée d'un autre bavardage, des éclaircissements qu'elle m'a demandés, et que je compte avoir l'honneur de lui envoyer incessamment. J'ai fait mon possible pour répondre à ses désirs. Si elle ne m'entend pas, ce ne sera pas sa faute, mais ou la mienne, ou celle de la matière.

Ce n'est pas la première fois qu'il est question du satellite de Vénus dont V. M. me fait l'honneur de me parler, et sûrement l'Académie de Berlin ne l'ignore pas. Dès 1645, un mathématicien napolitain, nommé Fontana, prétendit avoir observé quatre fois ce satellite; en 1672 et en 1686, Cassini assura aussi l'avoir vu; M. Short, de la Société royale de Londres, prétendit, en 1740, avoir eu le même avantage; enfin, il y a trois ans qu'en France plusieurs astronomes ont cru l'apercevoir; d'autres ont assuré en même temps qu'ils n'y voyaient rien. V. M. a ignoré cette découverte ou cette vision, parce qu'elle avait alors affaire à d'autres satellites et à d'autres Vénus. Elle me fait trop d'honneur de vouloir faire baptiser en mon nom cette nouvelle planète; je ne suis ni assez grand pour être au ciel le satellite de Vénus, ni assez bien portant pour l'être sur la terre; et je me trouve trop bien du peu de place que je tiens dans ce bas monde, pour en ambitionner une au firmament. Si l'on découvre un jour quelque satellite à Mars, je sais bien quel nom je lui destine, celui du meilleur des généraux de V. M. A l'égard de Mercure, s'il parvient jamais à l'honneur d'un satellite, plus d'un maltôtier ou d'un courtisan nous fournira des noms de reste; mais ce dieu a déjà trop de satellites en terre, pour se soucier d'en avoir ailleurs.

Ce maudit prêtre, dont on m'avait dit tant de bien, aime