<266>excuses qu'elle demande mon concours avec la maison impériale pour l'abbaye d'Essen, que postule la princesse Cunégonde; vu, madame, l'empire que vous avez sur moi, vos demandes sont des ordres auxquels je ne sais qu'obéir. La princesse Cunégonde vous aura l'obligation de me les avoir donnés; et je me trouverai heureux, si, dans cette occasion comme en d'autres, je puis vous convaincre de la haute estime et de l'admiration avec laquelle je suis, etc.

179. DE L'ÉLECTRICE MARIE-ANTONIE DE SAXE.

Dresde, 4 avril 1774.



Sire,

Votre bonté pour moi ne se dément jamais; je la mérite peu, mais j'en connais le prix plus que personne. Qui sait mieux que V. M. redoubler le bienfait par la manière de l'accorder? J'ai dit à ma sœur Cunégonde ce que vous vouliez bien faire pour elle. Elle en est vivement touchée, et me prie de faire agréer à V. M. les humbles assurances d'une reconnaissance sans bornes. Parmi tous vos protégés, vous n'en aurez point qui désire plus qu'elle de se rendre digne de votre protection, tout comme, dans la foule innombrable de vos admirateurs et de vos admiratrices, vous n'en avez point qui vous rende mieux que moi les hommages les plus purs.

Que je hais, Sire, cette vilaine goutte dont, à ce que j'apprends, vous avez encore souffert! Je ne lui pardonne qu'à une seule condition, qu'au moins il soit vrai qu'elle prolonge les jours de ceux qu'elle attaque. En faisant durer les vôtres jusqu'au terme le plus reculé, elle deviendra la bienfaitrice de l'humanité.

Je pars en deux jours pour Munich; mon frère désire de m'y voir, et ma fille de Deux-Ponts devant aussi y arriver, je suis charmée de la faire paraître sous mes auspices. C'est ainsi que je tâche de multiplier au moins ma présence dans ma famille,